Les quatre saisons de la pipe

william1941 Dim 15 Nov 2020 - 18:25

LES QUATRE SAISONS DE LA PIPE

LA PIPE DE PRINTEMPS
C’est la pipe qu’on achète
En riant, pour plaisanter,
Quand un jour de folle fête
On cherche à se distinguer.

C’est celle que l’on remplume
Sans même la regarder.
Qu’on allume et qu’on rallume
Dix, vingt fois sans y penser.

C’est celle que l’on affiche
Sous le nez des vieilles quiches.
Qui vient dire au monde entier :
Rien ne pourra m’arrêter.

C’est la pipe que l’on fume
A vingt ans pour épater.
Avec laquelle on intime
Lors des débats enflammés.

Ceux où l’on refait ce monde
Que l’on juge périmé.
Avec phrases rodomontes
Et volutes enragées.


LA PIPE D’ETE
C’’est la pipe qu’on garnit
De tabac de qualité
Pour montrer à ses amis
Qu’on est quelqu’un d’arrivé.

Celle qui dit votre place.
Et par sa marque affichée
Parmi tous les gens vous classe,
Flattant votre vanité.

C’est la pipe péremptoire,
Une main sur le gilet,
Signalant à l’auditoire
Tout le poids de vos projets.

Votre montre en or dispense
L’heure entre vos doigts pincés
Qui la sortent avec aisance
De la poche de gousset

C’est la pipe du dimanche
Quand la famille empressée,
Après le gigot sans manche,
Vous écoute digresser.


LA PIPE D’AUTOMNE
C’est la pipe de confiance
Que l’on a bien nettoyée.
Choisie avec pertinence,
Selon ce qu’on va fumer.

C’est la pipe qu’on emplit
Avec soin et calmement.
D’un geste sûr et précis
On l’allume , posément.

C’est la pipe pour fumer
Lorsque la vie vous assène
Qu’il ne suffit pas d’aimer
Pour garder ceux que l’on aime.

Quand viennent les heures noires
Et qu’il vous faut supporter
Les douleurs et les déboires
Que la vie a apporté,

La pipe, nos dents la serrent,
Parfois jusqu’à la casser,
Pour afficher, âme fière,
Courage et sérénité.

LA PIPE D’HIVER
C’est la pipe que l’on prise.
Qu’on a si souvent fumée
Qu’elle n’a plus de surprise
Dans son fourneau calciné.

Celle que toujours l’on tient
Juste à portée de la main
Lorsqu’une joie vous surviens
Ou qu’on a le cœur en peine.

ALORS
Près du feu ou sous la treille
On la bourre lentement
On la pose sur la cuisse
On réfléchit un moment

Lorsqu’enfin on se décide
On l’allume en hésitant
On approche et on éloigne
La flamme de son fourneau

On soupire les yeux vagues
En cherchant dans la mémoire
Ces images et ces visages
Qui rappellent tant d’espoirs

La fumée comme un dictame
Qui vous permet de rêver
Vous mène alors vers les âmes
De ceux que l’on a aimé.

Brase d'Anjou Dim 15 Nov 2020 - 20:11

Tellement vrai !

Merci William pour ce voyage entre les âges cartonne

Les quatre saisons de la pipe

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