w6496 37 Illustration Brase d'Anjou

Jansomme s’installe dans son fauteuil.
Il a éteint le cigare.
Les yeux fermés il repasse ce qui est arrivé depuis qu’il a donné l’explication de w6496 à ses collègues.
Sans cela, est-ce qu’il aurait mis autant d’entêtement à essayer de savoir ce qu’il s’était passé ?
Il avait fini vraiment par croire que Chanlier lui avait adressé ce message personnellement.
Il a…
Il s’est endormi.
Il se réveille. S’étire.
18 heures.
Une douche ne fera pas de mal.
Il met le pistolet dans son attaché et quitte son appartement à 19h15 pour rejoindre la rue Saint Dominique.


Porte 5.
Il hésite un instant puis voit à travers les portes  vitrées le chiffre inscrit en noir à l’intérieur au-dessus des comptoirs d’accueil de chaque hall.
5. Il plaque son passe contre le lecteur. La porte se déverrouille.





Il entre et se dirige vers un planton, au fond du hall près d’une porte fermée.
«  Le complexe Safari s’il vous plaît ».
Le planton ouvre la porte.
«Suivez le couloir jusqu’au bout. Ensuite c’est fléché. ».
Au bout du couloir, une flèche lui indique de prendre un escalier qui descend vers les  sous-sol
En face une double porte ouverte.
Au-dessus en lettres dorées en relief: SAFARI.





Il entre dans un petit hall. A droite, une porte vitrée est ouverte.
Il entend des voix. Reconnait celle du Directeur.
« Entrez Jansomme. »
Flavier Loursain et Chanlier sont déjà là.
Quelques instants après Sautry arrive, puis Lannié.
« Asseyez-vous messieurs. »
Ils prennent place autour d’une table .
« Messieurs, je vais d’abord vous demander de signer l’engagement de confidentialité pour connaissance de faits relevant de la sécurité militaire.
Vous connaissez la procédure.  Vous avez tous eu à la suivre.
S’il vous plaît une pièce d’identité devant vous et pour ceux qui sont en service actif votre carte.»
Tout le monde s’exécute.
Le Directeur ouvre un parapheur posé devant lui, prend une feuille, lit le nom en silence et tend la feuille à chaque intéressé.
Six personnes. Six feuilles.
Ils lisent sans un mot.
Prennent le stylo posé sur la table devant eux. Recopient la formule d’engagement et signent.
Le directeur se lève et vient récupérer les feuilles.
Pour chaque feuille il vérifie scrupuleusement les références des pièces d’identités et des  cartes professionnelles, la rédaction de la formule, puis les remet dans le parapheur.
 
Le Directeur est resté debout derrière son siège.
Son regard est empreint de gravité.
Il y a dans sa voix une certaine solennité qui tranche avec le ton sec et factuel qui lui est coutumier avec ses subordonnés.
« Messieurs, je vous ai réuni une dernière fois pour clore cette mission.
Tout d’abord le point sur ce qu’il s’est passé :
Les quatre Pakistanais n’ont pas été exécutés.
Trois d’entre-eux sont au secret et quand ils auront fini de chanter tout leur répertoire nous verrons ce que nous en ferons.
L’ISI doit comprendre que nous sommes capables de riposter avec la même violence qu’eux
Les deux précédents que nous avons arrêtés sont encore incarcérés.
Ils refusent absolument d’être remis à leurs autorités.
Pourquoi? Your guess as good as mine.
 La femme qui était avec eux est une de nos informatrices





C’est en partie grâce à elle que nous avons pu réunir les preuves de la trahison qui infectait nos services.
Nous prenons soin de sa sécurité et veillerons à son avenir.
Elle nous a vraiment aidé.
Et pour compléter l’information, et je crois que c’est important, ce n’est pas une pakistanaise. Elle est afghane et déteste les Pakistanais qu’elle considère, à tort ou à raison, comme responsables des malheurs de son pays.
 
Nos salopards n’ont pas été victimes d’un accident malencontreux comme la presse l’a annoncé.
Leur enterrement aura bien lieu avec discours et médailles.
Le linge sale…
Eux sont pour de longues années au secret.
Leur sort n’est plus notre affaire.
Une partie de leurs crimes était liée au domaine militaire. C’est donc l’armée qui les a pris en charge.
Ils sont responsables de la mort de plusieurs de nos informateurs au Pakistan.
Comme je vous l’ai déjà dit,  ils n’ont pas agi sous une menace quelconque ni par conviction idéologique.
Ils se connaissaient depuis assez longtemps et leur seule motivation était l’argent.
Sans eux, l’air est meilleur.
Des questions?»
Jansomme ouvre son attaché, sort le pistolet et le tend par le crosse au Directeur.
« Je crois que c’est à vous. »
Le Directeur le regarde.
« Vous voulez bien me le garder pour l’instant »
Jansomme remet le pistolet dans l’attaché.
« Pas d’autre question?
Bien nous considérons donc que le debriefing opérationnel est terminé. »
 
Il se rasseoit. Son ton change, devient presque cordial. Presque.
« Chanlier, voici un congé de fin de mission de trois mois.
(Il lui tend une chemise)
Jansomme, j’ai beaucoup hésité car votre ténacité est précieuse.
Mais j’ai estimé que vous avez mérité de vous reposer et de soigner votre dos tranquillement.
Voici votre titre de retraite.
La date d’effet est celle du dernier jour de votre congé de fin de mission.
C’est une pension à taux plein. Après votre blessure en opération et votre participation à cette mission, nous ne pouvions pas faire moins que de vous remettre les quelques mois qu’il vous restait à accomplir.
Messieurs, encore une fois, merci pour votre travail et votre dévouement.
Ainsi que pour le succès de cette mission, qui, comme vous le savez, lorsque nous sortirons de cette salla, n’aura jamais eu lieu.
Je suis fier d’avoir travaillé avec vous ».
Il se lève et quitte la salle.
 
Ils se regardent sans trop savoir quoi faire.

Bon bah les gars on s'faiy une petite pipe ? Non Loursain, je parlais de fumer 

Plus sérieusement, je suis soulagé pour Jansomme et son départ en retraite, même si la nostalgie naissante de devoir tourner la page de cette activité professionnelle va sûrement poindre son nez. Mais il y aura les repas entre anciens collègues dans les brasseries parisiennes pour évoquer les bons souvenirs. 

Merci beaucoup William (mais est ce vraiment la fin ? Après tout, le directeur lui a fait garder le pistolet)

La femme qui était avec eux est une de nos informatrices





Merci William pour ne pas avoir "gâché" la jolie brune  

Brase, merci pour ces illustrations
Comme toujours elles collent parfaitement au sujet.
effectivement il n'était pas prévu que la belle brune soit ''gâchée''!