Solani 656 Aged Burley Flake

Munch a écrit:Le burley flake est une longue steppe terreuse éffilée de congères.
Voilà comment faire plus de poésie en 5 mots que beaucoup en une vie entière, certes, mais c'est surtout pour vous dire que le fleillque est magifique.

Au nez, bien sûr, ça puire.


Mais bon, je m'attendais à quoi, aussi, mmh ? Suis pas fumeur de burley moi. Alors le burley vieilli...

Il se casse facilement en petits cubes, ce qui fait qu'on peut aisément le transformer en cube cut. Cette coupe étant assez rare, ne nous privons pas.

Il laisse des traces sur mes doigts qui lui empruntent une odeur d'écurie. J'y vois un signe d'humour manifeste, avec l'association forcée d'idées entre la très triviale notion de traces de pneus et le tabac Merde de Cheval (https://www.alanoblebouffarde.com/t1734p25-tabac-merde-de-cheval#112521), mais passons.

J'angoisse un peu. Cébettes, comme dirait mon primeur. Et puis vous savez que je ne recule devant aucun sacrifice car ve fers la fience et f'est ma voie, ahané-je la pipe pleine.

Et puis y'a pas de quoi, c'est un tabac qui se révèle très rassurant à l'allumage, doux, grand-paternel. Une sorte de Semois de grand luxe.

Un goût retient particulièrement mon attention, une pointe pierreuse-minérale qui n'est pas celle des vins qui goûtent la pierre à fusil. C'est assez rare, il y en a aussi dans le Scotch Cut (https://www.alanoblebouffarde.com/t1002-samuel-gawith-scotch-cut-mixture), mais je n'en connais pas d'autres.

Après, on a rapidement un goût de chocolat au lait.
Puis, un peu de beurre et ça part vers le gâteau au chocolat (je reste toujours autant impressionné par le fait qu'une feuille qui brûle puisse goûter le chocolat). Là, ça commence à tapisser un peu, quand même.
Ensuite, chocolat chaud.

T'as vu comme ça évolue ?
Si je continue sur ma lancée, je vais finir par nommer tour à tour l'ensemble des préparations chocolatées des boulangeries de la place du Busca à Saint Pierre des Cuisines.
D'ailleurs, vous le saviez peut-être pas alors je vous le dis : Cuisines vient de Coquins, version francisée de Coquinis, qui désigne les petits artisans. Non seulement vous voilà plus intelligents, mais en plus vous pourrez avec raison congédier votre garagiste d'un tonitruant "adieu, coquin !" après votre denrière réparation (je recommande d'avoir déjà le pied sur l'accélérateur toutefois, les garagistes n'étant pas connus pour leur culture éthymologique).

Bon, en tout cas faites-vous passer le mot : laisser tomber définitivement les chocolate flakes et consorts. Vous avez tout Willy Wonka dans ce burley flake, n'allez pas chercher plus loin.

Le bon point par rapport aux latakiés, c'est qu'on n'a pas d'acidité nulle, ni de réglisse débile qui vient tout flanquer par terre. Il y a une amertume, quand même, ça va. Mais par contre, qu'est-ce qu'on s'enquiquine, avec toutes ces déclinaisons de la cabosse à travers les âges et les pays...

Nous arrivons à la fin et il se passe quelque chose d'intéressant : le tabac laisse le goût de la bruyère s'exprimer. Bien ou pas, je ne sais pas, et d'ailleurs je déteste tout moraliser, mais moi ça me va, et j'apprécie.

Une fois la pipe reposée, je sais que ma brosse à dents va s'en souvenir.

En conclusion, je dirais que c'est bien la revue d'un tabac de barbu testé par un glabre.