Sept fragments d'une épopée

Qu’est-ce que la voie du ciel ?
C’est aller vers l’esprit,
Et faire face à l’illimité.
Qu’est-ce que la voie de la terre ?
C’est suivre son désir,
Et garder le lieu sauf.

…

C’est l’oubli, en tant qu’il vient corriger,
Selon des lois non écrites,
Qui ordonne l’état de sommeil ;
Comme la trace, qui continue à guider,
Éclaire l’état de veille.

…

La domination de la Terre :
Non un archipel de cités humaines,
Mais un ordre despotique
Où l’ultime architecture
Aux excréments du titan,
Se mêle,
Dans un même destin,
Et s’élève, un degré plus haut,
Et dégringole sur tout avenir.

…

Et le paysage grinçait d’un air sombre
Comme encerclé d’une couronne de fer,
Pour n’apparaître qu’à la faveur
De brèves trouées
Où il était lui-même véhément
Mais fondé, mais intact, non encore détruit,
Tel les contours d’une verte montagne
Aux vallées brumeuses
Qui perdurent derrière l’asphalte et le mazout,
Longtemps, sous un ciel stérile et vengeur.

…

Il y avait des immeubles en béton
De chaque côté de la route,
Tel un rempart à l’intérieur de la ville ;
Et des meurtrières dans nos yeux.
Car ce qui est bâti à l’extérieur,
Dans la routine d’un gigantesque vouloir,
Sans phrase, impersonnel, jamais contredit,
Engloutit l’être dans un cachot profond.
Mais ce qui veut grandir dans la lumière,
Le temps de l’audace et de la fraternité
Qui sont, dans la prime épreuve, le même,
Non, n’est pas encore venu.

…

Mais il y a longtemps que l’oligarchie planétaire
A brisé le cycle du jour et de la nuit,
Et usurpé les saisons d’une grande ombre inquiète.
Car il n’existe plus maintenant qu’un seul temps,
Qui, but après but, ordonne de tout développer,
Comme il assigne à son vouloir tout ce qui a été :
Le temps de la domination de la Terre,
Riche d’un impensé abyssal,
Et qui gronde partout tel le courroux d’un dieu.


...

Car nous étions jetés
Dans une mécanique sévère
Qui tournait au milieu du silence
Et du vide illimité,
Sur cette planète malade,
Ô Terre, toi l’astre privé de destin !

...

L'Homme est volonté.
L'univers est force d'inertie.
Sans l'Homme l'Univers n'a pas de sens et donc  pas d'existence,
Pourtant déjà Platon critiquait Protagoras qui affirmait que l'homme est la mesure de toute chose.
L'épopée de l'humanité s'inscrit-elle dans l'Univers, Ou dans l'Universel?
L'esprit ou la matière?
Croit celui qui peut croire. Moi j'ai besoin d'espoir, sinon je ne suis rien
On est bien peu de chose.
Dit la chanson
Il n'y a donc de destin que pour l'Homme?

Que tout cela est dit avec talent dans ce poème.
Bravo et merci!