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Les fumeurs de pipe
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Les fumeurs de pipe
Je ne sais pas si cet article est à sa bonne place ici, dans la mesure où l'auteur de l'extrait ci-dessous n'est ni membre de ce forum, ni même fumeur de pipe! (Je le sais car je le connais personnellement et lui en ai d'ailleurs fait le reproche). Mais dans son roman "La variante chilienne", on trouve ce très beau passage sur les fumeurs de pipe, dont je vous livre quelques extraits (références en bas de page):
(...)
Les étagères en bois étaient remplies de pipes. Deux-cent ? Trois cent ? Jamais de ma vie je n’en avais vues autant. Il y en avait de toutes les formes et de tous les bois. Le mur en était recouvert. Chaque bouffarde était joliment posée sur un support translucide (…) Devant mon admiration muette, il se rapprocha.
- Vous avez devant vous quelques variétés de pipes venues des quatre coins du monde. Il en manque pourtant : dans une enchère à Sidney, j’ai raté une pipe faite dans l’os d’un cachalot blanc, une vraie splendeur. Le marchand en demandait trop.
- Vous les fumez toutes ?
- Bien sûr que non. Certaines sont décoratives, comme celle en frêne, là-haut : ce bois donne mauvais goût aux cendres. Je n’aime pas trop les pipes dures, celles en écume, les blanches, là, celles en terre, en porcelaine. Pas pour moi. Pourtant c’était la mode au siècle dernier.
- Ça fait une sacrée collection (...)
- Dans cette partie-là, les bois sont plus originaux. En voici une en cerisier, c’est sympa, ça change : la chambre bien culottée, la fumée assez légère. Celle-ci est en pommier, tenez, soupesez-là, elle ne pèse rien.
Je la soupesai. Effectivement, elle n’était pas bien lourde.
- On dirait qu’elle a bruni, là…
- C’est l’inconvénient du pommier. Ça brunit. Sinon, les trois ici sont en olivier. Superbe. La délicatesse de leur goût surpasse la bruyère. Mais, il ne faut pas en abuser, car ce petit goût d’huile d’olive, charmant au début, devient lassant à la longue.
Il passa en revue toute sa collection. Un autre aurait rendu l’affaire soporifique, lui non : il avait la passion contagieuse. Même s’il ne souriait pas, quelque chose en lui rayonnait. J’accueillais la présentation de chaque nouveau modèle avec un hochement de tête. Que l’esprit humain ait pu inventer autant de variantes et de raffinements me rend optimiste. Les efforts inouïs de l’homme pour son agrément compensent ceux qu’il fait pour se détruire.
J’avais envie d’essayer toutes les pipes. Comme s’il l’avait deviné, il sortit la suivante de la vitrine et me la tendit.
- Tenez, celle-ci en loupe d’érable. Je vous la prête. Vous me direz ce que vous en pensez.
Je me souvins alors de ma première bouffarde. J’étais étudiant à Normale Sup et mon colocataire m’avait demandé un soir :
- Qu’est-ce qui fait neuf millimètres ?
- Un flingue !
- Non ! Répéta-t-il satisfait de son petit effet, sortant de son sac un objet longiforme emballé dans un papier de soie blanc.
- Ça ressemblait pourtant vraiment à un flingue. Une pipe allemande avec filtre antigoudron et antinicotine ! Totalement inoffensive ! Regarde !
Nous la fumâmes à tour de rôle avec du Kentucky Bird. Drôle d’initiation, mais j’en garde un bon souvenir. Ironie du sort, il mourut d’un cancer des testicules quelques années plus tard. Comme quoi, il aurait pu se passer de filtre.
(...)
Pierre Raufast, La Variante Chilienne, Ed. Alma 2015, extraits p.28-32
(...)
Les étagères en bois étaient remplies de pipes. Deux-cent ? Trois cent ? Jamais de ma vie je n’en avais vues autant. Il y en avait de toutes les formes et de tous les bois. Le mur en était recouvert. Chaque bouffarde était joliment posée sur un support translucide (…) Devant mon admiration muette, il se rapprocha.
- Vous avez devant vous quelques variétés de pipes venues des quatre coins du monde. Il en manque pourtant : dans une enchère à Sidney, j’ai raté une pipe faite dans l’os d’un cachalot blanc, une vraie splendeur. Le marchand en demandait trop.
- Vous les fumez toutes ?
- Bien sûr que non. Certaines sont décoratives, comme celle en frêne, là-haut : ce bois donne mauvais goût aux cendres. Je n’aime pas trop les pipes dures, celles en écume, les blanches, là, celles en terre, en porcelaine. Pas pour moi. Pourtant c’était la mode au siècle dernier.
- Ça fait une sacrée collection (...)
- Dans cette partie-là, les bois sont plus originaux. En voici une en cerisier, c’est sympa, ça change : la chambre bien culottée, la fumée assez légère. Celle-ci est en pommier, tenez, soupesez-là, elle ne pèse rien.
Je la soupesai. Effectivement, elle n’était pas bien lourde.
- On dirait qu’elle a bruni, là…
- C’est l’inconvénient du pommier. Ça brunit. Sinon, les trois ici sont en olivier. Superbe. La délicatesse de leur goût surpasse la bruyère. Mais, il ne faut pas en abuser, car ce petit goût d’huile d’olive, charmant au début, devient lassant à la longue.
Il passa en revue toute sa collection. Un autre aurait rendu l’affaire soporifique, lui non : il avait la passion contagieuse. Même s’il ne souriait pas, quelque chose en lui rayonnait. J’accueillais la présentation de chaque nouveau modèle avec un hochement de tête. Que l’esprit humain ait pu inventer autant de variantes et de raffinements me rend optimiste. Les efforts inouïs de l’homme pour son agrément compensent ceux qu’il fait pour se détruire.
J’avais envie d’essayer toutes les pipes. Comme s’il l’avait deviné, il sortit la suivante de la vitrine et me la tendit.
- Tenez, celle-ci en loupe d’érable. Je vous la prête. Vous me direz ce que vous en pensez.
Je me souvins alors de ma première bouffarde. J’étais étudiant à Normale Sup et mon colocataire m’avait demandé un soir :
- Qu’est-ce qui fait neuf millimètres ?
- Un flingue !
- Non ! Répéta-t-il satisfait de son petit effet, sortant de son sac un objet longiforme emballé dans un papier de soie blanc.
- Ça ressemblait pourtant vraiment à un flingue. Une pipe allemande avec filtre antigoudron et antinicotine ! Totalement inoffensive ! Regarde !
Nous la fumâmes à tour de rôle avec du Kentucky Bird. Drôle d’initiation, mais j’en garde un bon souvenir. Ironie du sort, il mourut d’un cancer des testicules quelques années plus tard. Comme quoi, il aurait pu se passer de filtre.
(...)
Pierre Raufast, La Variante Chilienne, Ed. Alma 2015, extraits p.28-32
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