Le piège 92 L'illustration est de Brase d'Anjou

william1941 Ven 19 Mai 2023 - 2:19

Les spritz Tournelle sont sur la table.
« Alors ?
- On va peut-être commander notre repas et la boisson.
Ne te prive pas.
- Je répète ; tu as gagné au loto.
- Non. Je vais tout te raconter. »
Chapelier fait signe à un serveur.
« On voudrait commencer notre repas à vingt heures trente
Prenez la commande s’il vous plait.
- Je vous fait apporter les cartes.
- Sans prix pour monsieur dit Chapelier.
- Parfaitement monsieur. »
Le garçon s’éclipse.
« Tu as fait un héritage ?
- Mieux que ça.
- Tu commences à m’inquiéter sérieusement.
- Un peu de patience. »
Le maître d’o prend la commande.
Chapelier réitère l’heure du service.
Le sommelier prend la relève.
Quelques recommandations au vu des plats commandés.
« Alors ?
- Tu as apporté tes cigares ?
- Comme tu me l’as demandé.
- Tu peux en sortir un. »
Et chapelier sort sa pipe qu’il entreprend de garnir.
Gourmelle un peu interloqué sort étui et coupe cigare.
Les deux compères prennent leurs allumettes en même temps.
« Alors ? trois fois.
« Alors ? Je t’offre se repas pour te remercier.
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre.
- Sans toi je serais encore en train de tourner en rond dans l’enquête sur les suicides des deux soi-disant ex-agents de la DGSI.
- Soi-disant?
- Oui, soi-disant, car en fait ce ne sont pas des ex-gents mais bien des agents en activité. Et de plus ; ils ne sont pas morts
- Dis-donc, Ce spritz est assez costaud mais je sais ce que j’ai vu.
J’ai bien examiné deux macchabées.
- Oui. Mais ce n’était pas les agents.
- Tu m’expliques
- Oui.Tu as le droit de tout savoir.
Car sans tes constatations je n’aurais jamais trouvé le fil. »
Tout en savourant qui son cigare, qui sa bouffarde, Chapelier raconte à Gourmelle qui n’en perd pas une miette les péripéties de son enquête et surtout comment, au final, il a contraint les oiseaux de la DGSI à tout lui dire. Comment il a obligé le responsable à accepter que le ministre authentifie une opération commune entre la PJ et la DGSI et comment il s’agira d’une opération entièrement menée par la PJ, c’est-à-dire par lui.
« Et voilà pourquoi j’avais envie d’abord de te remercier et ensuite de savourer avec toi ce moment d’intense satisfaction.
- Je te remercie.
Mais dis-donc, l’opération de police risque de ne pas être une partie de plaisir.
Je ne voudrais pas te retrouver sur ma table de travail.
- Franchement, je me dispenserai facilement de ton attention professionnelle.
Crois-moi tout sera bordé.
Il s’agit d’une opération de police.
Pas d’un de ces coups secret défense où le mot secret sert surtout à camoufler les cafouillages des services. »
Un long silence s’installe, un deuxième spritz vient conforter leur béatitude tabagique.
« Ce sont quand même de drôles de zèbres !
- Et j’aurais pu ne pas te connaître.
- Tu sais qu’ils me suivaient et savaient que nous avions déjeuné ensemble à La Placette.
Heureusement que je me méfiais et que j'avais pris des précautions pour notre deuxième rendez-vous. »
Le silence à nouveau.
Chacun est plongé dans ses pensées.
Un garçon s’approche.
- Vous pouvez servir » dit Chapelier.
Les entrées sont apportées.
Le sommelier s’approche avec le vin commandé et récite le pédigrée de la bouteille. Gourmelle se charge de goûter.
Pipe et cigare ont disparu et ils se concentrent sur le plaisir d’un excellent repas.

Le piège 92 L'illustration est de Brase d'Anjou Rotiss10

Le café et la fine champagne sont à la hauteur du repas et de la réputation du restaurant.
« Il me reste à te remercier pour cette excellente soirée.
- Si cela te va on peut aller faire un tour le long du quai.
- Je crois que tu as raison. Marcher fera du bien à notre gaster. »
Pipe et cigare réapparaissent et sous les effets conjugués de l’alcool et de la bonne chère, ils marchent benoîtement en devisant entre deux bouffées.