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Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
3 participants
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Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
Comme je l'ai dit précédemment, j'ai mon propre «comité de lecture». Depuis longtemps j'ai mis de côté les lecteurs qui me disent qu'ils aiment ça pour d'autres qui savent trouver la petite bête noire. Je suis profondément attaché aux préceptes de Boileau et, pour éviter d'oublier son enseignement, je relis régulièrement le Lutrin où il enseigne, ce me semble, l'art d'écrire.
Synopsis: Plus ou moins toutes les personnes qui ont lu avant publication la Complainte des Huarts pestaient
contre le fils de mon vieillard. On lui reprochait généralement d'agir à l'encontre de ce que, prêtre, il prêchait. "Père et mère tu honoreras afin de vivre longuement", est-il enseigné à tous les enfants d'origine judéo-chrétienne. Or, mon vieillard laisse entendre que son fils, curé de la paroisse, l'abandonne à son sort et évite de le visiter. J'ai donc décidé de donner au curé la possibilité de témoigner pour sa défense.
La genèse: je reconnais d'emblée être, en matière d'écriture, fétichiste. J'ai beau avoir trois ordinateurs à la maison (d'accord, j'en ai deux puisque le troisième appartient à Mélu...), il ne saurait être question pour moi d'écrire un roman directement à l'ordinateur. Tous sont écrits à la plume fontaine et la même plume ne saurait servir pour deux textes. Après tout, elle m'a donné le meilleur d'elle-même une fois, il n'est donc pas question pour moi de lui demander un nouvel effort. Elle est donc, après l'écriture du manuscrit, mise à la retraite.
À force de le voir décrié, j'en suis venu moi-même à vilipender mon curé avant même sa "naissance". J'ai donc
acheté – ce qui est une exception pour moi – une plume qui ne me plaisait pas pour mieux être en mesure d'éviter de m'accrocher à mon personnage central. Comme dans mon esprit mes personnages sont bien réels – je n'ai pas le choix si je les veux crédibles – je n'ai aucune réticence à leur parler, non plus qu'à leur poser des questions. J'ai donc demandé à mon curé ce qu'il avait à répondre aux accusations de son paternel.
J'ai tenté de dégrossir un personnage entier et «pas très catholique», ce qui est un peu normal pour un agnostique de mon espèce. Malheureusement pour moi, comme c'est un personnage entier, il a donné sa version des faits en plus ou moins une ou deux pages, ce qui paraît un peu court pour un roman. Je lui ai donc greffé une histoire vraie survenue il y a maintenant plus d'une soixantaine d'années, que mon beau-père m'a racontée un soir que lui et moi avions le vin bavard.
A posteriori: Évidemment j'en ai changé le contexte, l'espace géographique et les noms pour éviter de froisser quiconque même si mon protagoniste était mort depuis belle lurette. Restait quand même sa famille...
Quelques mois après la parution du roman, je me suis rendu dans mon alma mater pour en faire la promotion et participer à un salon du livre. J'y rencontrai un vieil ami (vieux dans les deux sens) qui me demanda où j'avais pris cette histoire. J'ai tenté d'éluder sa question, mais il est revenu à la charge. Je lui ai donc demandé pourquoi il voulait savoir. Il me répondit que j'avais eu beau changer le contexte et les noms, il était très facile pour lui de reconnaître l'homme (dont il me précisa le véritable patronyme pour prouver ses assertions), ajoutant que la famille avait tout fait pour étouffer l'affaire. Et, pour définitivement me clore le bec, il me lança un pavé au visage: «c'est facile pour moi de le reconnaître, c'est mon oncle!»
Quelques lignes: — Bon Dieu de Viarge!
C'est ce qu'on aurait entendu si, à une heure aussi matinale, on avait eu la mauvaise idée de passer devant la chambre du Père Charles. Mais ce matin-là, à cinq heures, le corridor du deuxième étage où donnait la chambre du curé était désert. Aussi désert que, en plein hiver, le Lac Saint-Jean sur les bords duquel le pasteur avait vu le jour voilà plus ou moins un demi-siècle. Le Lac Piékouagami, comme aurait dit son arrière-grand-mère amérindienne.
Mais, de son aïeule, le curé n'avait que faire. Morte quelques années après la naissance du prêtre, ce dernier en gardait un souvenir plus ou moins diffus.
Pour l'heure, il n'avait que faire de tous ces souvenirs trop longtemps refoulés. A peine sorti d'un sommeil qui n'avait pas réussi à effacer complètement la fatigue des derniers jours, le pasteur s'acharnait à essayer de museler l'énorme Westclock qui, quelques instants plus tôt, avait trôné sur la table de chevet au côté du bréviaire et du chapelet.
Malgré les coups de poing répétés sur son armature, le réveille-matin refusait obstinément de se taire. Peut-être avait-il fini par se révolter à force de servir à traumatiser les enfants lorsque, au cours des retraites, le père Charles le brandissait à bout de bras devant ces jeunes et, leur faisant entendre le tic-tac, il le scandait de propos apocalyptiques au sujet de l'enfer. «Toujours-jamais, toujours rester, jamais sortir, toujours-jamais», leur lançait-il d'une voix volontairement caverneuse. Les enfants de la paroisse en étaient venus à détester plus que tout la vue d'un cadran et la chose était d'autant plus vraie pour ceux de marque Westclock.
De là à croire que le cadran avait finalement décidé de venger la mauvaise réputation qu'on lui avait faite...
— Vas-tu finir par te taire, sale bâtard d'enfant de chienne! tonitrua encore le curé dont le visage s'empourprait de seconde en seconde.
En désespoir de cause, il ouvrit la fenêtre à guillotine et lança avec force l'engin infernal au bas du deuxième étage, geste qui finit par avoir raison de la sonnerie maudite. Et même s'il continuait à beugler, le prêtre savait l'infernale boîte à marquer le temps trop loin pour l'entendre lorsque la fenêtre serait refermée. Il jeta un dernier coup d'œil hargneux vers l'engin avant de se retourner. Il ne réalisa pas que le soleil commençait à rosir le ciel pour annoncer la première journée chaude depuis au moins une bonne quinzaine de jours. Il n'entendit pas davantage les merles qui, profitant de la rosée, cherchaient quelques vers dans le gazon.
Il ne remarqua pas davantage qu'il fut à un doigt de fracturer le crâne du sacristain. Seul un geste nerveux de ce dernier lui avait évité un contact pour le moins brutal. Comme tous les matins, été comme hiver, Olivier Normandin devait ouvrir les portes de l'église à cinq heures quinze avec la précision d'un métronome. Ainsi, les cultivateurs des rangs avoisinants avaient tout le temps nécessaire pour entrer et faire un chemin de croix avant la messe de six heures.
Le père Charles passa devant l'image du curé d'Ars, le patron de tous les prêtres et se rendit à la salle de bain attenante à sa chambre pour y prendre une douche réparatrice où seule coulerait l'eau glacée. Il gardait l'eau tiède voire chaude pour la douche du soir. Au moment où l'eau lui gicla sur la main droite, il réalisa qu'il s'était ouvert la jointure en martelant son réveille-matin.
Au rez-de-chaussée, mère Marie-des-Saint-Anges qui veillait à l'entretien du presbytère et de ses occupants n'entendit rien de la scène du réveil du curé. A tout le moins, elle fit comme si elle n'avait rien entendu. Elle le connaissait bien son grognon de patron, depuis le temps qu'elle était à son service. Au fait, elle-même n'aurait pas su dire depuis quand. Cinq, dix, quinze ans? Elle ne savait plus.
Le père Charles aurait pu le dire avec précision. C'était le jour où, dix ans plus tôt, il avait été élevé à la cure. Ou, pour utiliser l’une des expressions dont il avait le secret, le jour où il s'était mis en ménage. Il utilisait cette expression comme quelques autres, lorsqu'il se retrouvait avec certains de ses amis, notamment le notaire, lorsque, certains soirs, le cognac se montrait particulièrement doux dans la gorge. Il n'avait plus, avec le médecin du village, que des rapports très froids depuis que ce dernier l'avait sermonné au sujet de son penchant pour la dive bouteille, prétextant diverses maladies à venir.
Le curé avait coupé court à toute velléité. Tentant de dérouter son interlocuteur, il avait répliqué en puisant dans ses souvenirs de latin. Mais c'était oublier que le médecin avait, lui aussi, terminé son cours classique. En fin de compte, il s'était rabattu sur l'une de ses lectures récentes.
— J'aime mieux un vice commode qu'une fatigante vertu, avait-il lancé à l'endroit du docteur Lacroix.
— Dixit Molière, Amphitrion; ce sont les propos de Mercure dans la quatrième scène du premier acte, si je ne m'abuse. Moi aussi j'aime bien Molière même s'il n'est pas tendre à l'endroit de ma profession, avait rétorqué le médecin.
Déçu de trouver quelqu'un en mesure de le remettre à sa place, le curé avait peu à peu pris ses distances face au disciple d'Esculape.
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
Tu devrais mettre les liens où on peut se les procurer.
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.....................................................À chacun sa baleine blanche
berny- Bienfaiteur des hobbits et ancien intendant du manoir
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Localisation : Trois-Rivières; Québec
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
Mon éditeur ayant fermé ses portes, ils ne sont plus disponibles en librairie. On peut donc passer directement par moiberny a écrit:Tu devrais mettre les liens où on peut se les procurer.
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
Bon à savoir. Tu les as en version papier ou ' livre numérique' ?
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berny- Bienfaiteur des hobbits et ancien intendant du manoir
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Localisation : Trois-Rivières; Québec
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
pas tous, certes, mais dans la majorité des cas, j'ai la version papierberny a écrit:Bon à savoir. Tu les as en version papier ou ' livre numérique' ?
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
Ayant eu la chance d'acquérir quelques unes des œuvres du Passeur je dois dire que celui-ci est mon préféré. La personnalité du père Charles est vraiment riche et attachante et le roman se lit d'une traite. Vraiment un vrai bon moment de lecture.
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On dit que l’homme se bat pour ce qui lui manque le plus. Pour le pirate, c'était la liberté.(La Voile noire - Mikhaïl W. Ramseier)
Re: Dernier volet de cette saga: "le Fleuve de la Mort"
SmokingDragon a écrit:Ayant eu la chance d'acquérir quelques unes des œuvres du Passeur je dois dire que celui-ci est mon préféré. La personnalité du père Charles est vraiment riche et attachante et le roman se lit d'une traite. Vraiment un vrai bon moment de lecture.
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