Pipes en terre maison 2 – Considérations techniques

Pour ceux que cela intéresse, en complément au fil de présentation de mes pipes en terre maison (http://www.alanoblebouffarde.com/t594-pipes-en-terre-maison#6191), quelques précisions techniques...

Je voulais d'abord tenter une sorte de moulage, du moins pour l'intérieur des têtes.



Je pensais pouvoir façonner une tête de pipe autour de ces deux pièces de bois séparables, puis les retirer pour laisser en creux le fourneau (à gauche) et la tige (à droite)...

Mais, malgré l'utilisation préalable de beaucoup d'huile (et même d'une couche de latex liquide sur le bois avant l'huile...), impossible de retirer ces bouts de bois: effet ventouse, qui oblige à exercer une telle pression sur la terre qu'elle est écrasée...

Restait donc le façonnage intégral...
J'ai tenté de remplacer la pièce de gauche ci-dessus par mon doigt, sur lequel j'étirais un morceau d'argile. Mais
celle-ci, si elle est déformable, n'est pas étirable. Nombreuses fissures, donc, avec cette technique. Et par conséquent risque accru d'éclatement à la cuisson...

Après le façonnage de la tête, j'ai donc fini par creuser "dans la masse", à l'aide d'un fil de fer de 3mm dont j'ai écrasé l'extrémité pour en faire une sorte de petite spatule.







Comme on le voit, même ainsi, la terre se fissure... J'ai colmaté cela, mais j'ai des craintes pour la cuisson...

Ensuite, perçage de la tête et fixation de la tige.





Bien entendu, dès que la tige est inclinée, mille corrections, grattouillages, soufflages pour dégager le conduit...

Après le séchage, j'ai fignolé le perçage à la mèche (foret) de 3mm. Quelques finitions au papier de verre...

À terme, la fixation du tuyau (bambou, à moins que je trouve à acheter des tuyaux d'ébonite ou d'acrylique adaptés) se fera au moyen d'un joint de liège, comme sur ma gambier:



Bien sûr, le moment venu, je vous raconterai la (tentative de) cuisson...

Bonne idée cette présentation. On attend la suite.

Je me demande si en coupant les gabarits en deux dans le sens de la longueur, de façon la les assembler et désassembler facilement et rapidement (avec du scotch par exemple), tu n'aurais pas de meilleurs résultats au démoulage. En essayant d'en enlever un morceau tout en s'appuyant sur l'autre, peut être cela risquerait de marcher.

Bravo, je ne me lancerais pas dans une fabrication en terre, pas évident, suis impatient de voir la finition

@ Aether: bonne idée.. Il faudrait tenter le coup...

et bien, il y en a beaucoup qui s'amusent =)

Je me réjouis de voir ce que cela donnera une fois cuit et au premier teste de fumage!

C'est passionnant ça se lit comme un roman. Merci de nous faire partager cette expérience enrichissante et comme pour les autres j'attends la suite avec grande impatience.

Waowww c'est super bravo. J'aimerais bien essayer un jour. 

je suis impatient de connaître la suite. D'autant que par ici, les pipes en terre, on les cherche et ne les trouve jamais.  si tu avais un résultat tangible, je ne suis pas convaincu que je ne m'y essaierais pas

Pour ceux que cela intéresse, la suite est là: http://www.alanoblebouffarde.com/t906-pipes-en-terre-maison-3-la-cuisson

McHysius a écrit:Pour ceux que cela intéresse, en complément au fil de présentation de mes pipes en terre maison (http://www.alanoblebouffarde.com/t594-pipes-en-terre-maison#6191), quelques précisions techniques...

Je voulais d'abord tenter une sorte de moulage, du moins pour l'intérieur des têtes.



Je pensais pouvoir façonner une tête de pipe autour de ces deux pièces de bois séparables, puis les retirer pour laisser en creux le fourneau (à gauche) et la tige (à droite)...

Mais, malgré l'utilisation préalable de beaucoup d'huile (et même d'une couche de latex liquide sur le bois avant l'huile...), impossible de retirer ces bouts de bois: effet ventouse, qui oblige à exercer une telle pression sur la terre qu'elle est écrasée...

Restait donc le façonnage intégral...
J'ai tenté de remplacer la pièce de gauche ci-dessus par mon doigt, sur lequel j'étirais un morceau d'argile. Mais
celle-ci, si elle est déformable, n'est pas étirable. Nombreuses fissures, donc, avec cette technique. Et par conséquent risque accru d'éclatement à la cuisson...

Après le façonnage de la tête, j'ai donc fini par creuser "dans la masse", à l'aide d'un fil de fer de 3mm dont j'ai écrasé l'extrémité pour en faire une sorte de petite spatule.







Comme on le voit, même ainsi, la terre se fissure... J'ai colmaté cela, mais j'ai des craintes pour la cuisson...

Ensuite, perçage de la tête et fixation de la tige.





Bien entendu, dès que la tige est inclinée, mille corrections, grattouillages, soufflages pour dégager le conduit...

Après le séchage, j'ai fignolé le perçage à la mèche (foret) de 3mm. Quelques finitions au papier de verre...

À terme, la fixation du tuyau (bambou, à moins que je trouve à acheter des tuyaux d'ébonite ou d'acrylique adaptés) se fera au moyen d'un joint de liège, comme sur ma gambier:



Bien sûr, le moment venu, je vous raconterai la (tentative de) cuisson...

A mon tour de déterrer . . .

Il se trouve que e n'avais pas vu ce post . . .

Et il se trouve que tu n'étais pas loin de la vérité . . .

Des outils très très proches de ceux que tu montres au début de ton post étaient utilisés pour façonner le foyer et percer la tige des pipes en terre. Après avoir modelé et sculpté le prototype de sa pipe dans un bloc d'argile à une échelle légèrement plus grande (à cause du retrait) mais sans le percer, se contentant de réaliser une légère estampe circulaire du diamètre du foyer dans l'axe du foyer et une autre dans l'axe du floc. Le pipier le laissait ensuite sécher puis créait le moule dans du plâtre à modeler en collant un cylindre de bois du diamètre du foyer sur la pipe et un autre du diamètre du floc dans l'alignement de la tige. ces éléments servant à fixer la pipe sur le gabarit en bois servant à couler le moule. une fois la partie basse coulée il ménageait des piges de centrage pour un positionnement exact des 2 parties du moule et un ou plusieurs exutoires pour l'évacuation du surplus d'argile lors du façonnage du foyer et de la tige. Une fois le moule sec il procédait au façonnage de la pipe de la manière suivante :

Après avoir badigeonné le moule de barbotine au pinceau pour épouser les moindre détails du moule il positionnait dans chaque moitié du moule un pâton d'argile bien souple puis le modelait contre le moule avant de l'araser puis d'humidifier la surface. Une fois le moule fermé il façonnait le foyer en rentrant le boutoir par le trou ménagé sur le dessus du moule jusqu'à sa butée tout en le faisant tourner dans les deux sens ce qui avait pour effet de coller les deux pâtons et en le positionnant avec le trou situé dans l'axe de la tige vers l'arrière. Le façonnage de la tige était alors réalisé de la même manière. le boutoir de la tige puis celui du foyer était alors retirés, toujours en tournant, l'humidité mesurée de l'argile permettant qu'elle n'adhère pas aux boutoirs. Après un début de séchage permettant le début du retrait le démoulage était effectué avant séchage complet.

De nos jours, une fine couche de latex liquide peut être une alliée pratique pour la réalisation du moule.

Pour la cuisson il est impératif que l'argile soit parfaitement sèche, sous peine que la pièce explose. Un étuvage de la pièce préalablement séchée à l'air libre permet de s'en assurer.