Cornell and Diehl - Star of the East

Au huitième étage du seul hôtel encore ouvert, une sensation de vertige étrange me saisit alors que, surplombant le village, les pans de montagne trop proches et trop hauts écrasent négligeamment tout sentiment babélien.

En altitude, 5 mètres de neige sont prévus pour la fin de la semaine.
Le béton n'est pas encore sec, les stations préparent les canons et les employés des remontées se forment en catastrophe.

Dans la ville ou Sim vit le jour, le soleil s'est caché derrière la vallée avant 14h aujourd'hui. Drôle de climat. A midi nous crevions de chaud en chemise.

Je prends la plus grosse pipe qui m'accompagne et la bourre d'un drôle de tabac.





Le Star of the East est un anglais bien latakié. 50% de latakia disent certains sites peu dignes de confiance.

Je le connais déjà, et j'en ai un souvenir ému.
Encore une histoire à raconter - je vais faire court, allez.

A l'époque où j'étais généreux de mon temps, quand chaque mois je dépensais plus en loyer que je gagnais en salaire et que la Providence me faisait vivre on ne sait comment, j'entamais un étonnant voyage à l'autre bout du monde (le Jura) pour rencontrer deux curieux membres de ce forum - qui ne l'étaient pas encore, je crois (pas curieux, mais membres du forum - suivez un peu)... ou alors moi je ne l'étais pas... je ne sais plus.

Sur un week-end j'avalais 20h de bagnole - une brave 106 modèle Bayard (sans peur et sans reproche) - et, pour aller droit au but, on me fit goûter ce Star of the East.
Il me plût beaucoup et je repartis avec un généreux échantillon, pour reprendre le vocabulaire admis.
Une fois le périple passé, il perdit de sa superbe à mes yeux et il m'en restait un souvenir confus, jusqu'à ce que le sort décida de me faire jouir d'un nouvel essai.

Voilà ce que j'en dis.

Les premières bouffées de cet anglais largement latakié sont un délice de promesses. C'est la passion frénétique des premiers instants, celle qui ravive tout, qui vibre.
Des gorgées enfumées au latakia grasses, généreuses, vous emballent et vous retournent comme les vagues de Nazaré.
Le régal est immédiat et parfait.

Que dire ? Je ne connais pas de tabac dont la première impression soit meilleure. Les premières volutes sont des bombes.

Et puis, rapidement, la désaffection amère fait irruption. Irruption, oui ! Un goût amer, acide même, s'installe sans demander : il salit tout, essuie ses pieds sur la langue, chie dans la gorge et se torche contre le palais.

Alors la douceur et la miséricorde du fumeur de pipe tentent bien de ramener le petit salopard dans un chemin plus éduqué, à grands coups de tasse-braises s'il le faut, avec plusieurs pipes, des bouffées plus rares, du plus sec, du plus humide, tout, mais non !
Irrécupérable.
Alors, comme le mari déçu, celui qui souffre et qui s'ennuie, on continue un trop moment en espérant, en se souvenant des premiers baisers, en rêvant du passé. Peut-être, qui sait, quelque sentiment ancien saura radoucir le sale cœur de cette garce ?
Mais, à part quelques espoirs trop vite cassés, rien.
On attend la mort ou le miracle.
Et, sans surprise, c'est la fin de la pipe qui met un terme au supplice.

C'est dingue, ça, comme le latakia est un délice, et c'est dingue comme les tabacs qui l'accompagnent sont immondes.


Du haut du huitième étage d'une ville noire et vide des Pyrénées, un reste de tabac fumant se suicide du balcon.
"Eeeh merde."
C'est à peine si le son rauque troubla le raffut du gave.

Que voilà un beau descriptif d'une déception à la hauteur de ta déclamation ! Moi qui aime le Latakia le plus pur possible, je ne suis pas certain, à cette lecture, d'avoir envie d'investir dans l'un de ces petits pots...
En tout cas, merci cher Munch pour ce moment de vie !

Rha ce qui a quand même de bien c'est qu'au bout de la lecture... on ne sait si il faut oublier cette "Star of the East" ou si il faut le garder précieusement dans le coin de la mémoire et prendre le risque de se faire chier dans la gorge pour goûter délicatement à ce début de pipe féerique...

Munch, tu nous fais tourner la tête...

Tout est dis par Munch sur ce tabac . C'est une petite allumeuse qui au moment de passer a un moments féerique vous laisse comme un con .
Bref passer votre chemin il n' en vaux pas la peine ou alors il faux que j'essaie dans ma pause café car ce sont les première minute les meilleurs .
Je vais vous dire ça dans les jours qui vienne .

Sujet éditer le 28/06/2017

Bon alors je l'ai tester  dans une pipe avec un foyer plus petit et je dis oui il est beaucoup plus agréable a fumer . je ne l'ai pas fumer dans ma pause café mais dans une pipe avec un foyer presque deux fois plus petit que la première fois et aussi plus sec presque trop sec  .
Comme quoi il faux trouver le bon mariage pour prendre du plaisir .

Chose promise, chose due.
Voilà un petit compte-rendu de C&D que j'ai fumé dans une brave et bonne La Radica.
Avant de commencer précisons:
Je reconnais assez bien les changements de tabacs, mais je suis incapable de les étiqueter
Un bon point pour l'odeur après qu'il se soit aéré: Il sent... le tabac. Et seulement le tabac.
Bon, soyons clair: Ce sont des bons tabacs. Incontestablement ils m'ont remis en mémoire les anglais des années 80, mais de loin. Pas ensemble.
Ce qui m'a le plus surpris c'est qu'il n'est pas régulier en force. Je veux dire que j'avais l'impression que les différents tabacs brûlaient  séparément. Ça fait un effet bizarre mais ça rend attentif parce que quand ça change ça surprend au milieu de ce à quoi on dédie sont attention. 
Par contre il brûle bien. On peut miser sur les allumettes au lieu du briquet. On finira pas la boîte.
Ce tabac, c'est un marrant parce qu'en fin de parcours on dirait qu'il a réussi à rassembler son désordre et à rassembler ses abattis. Alors il prend bien sa place dans la bouche. Là il est agréable et très "britiish".
Nicotine: tu peux fumer trois bol à la suite sans problème.
Si je devais lui donner un qualificatif je dirais: Surprenant.
Merci BOBY de m'avoir fait découvrir une espèce d'OVNI. Une étoile d'une autre galaxie: Celle des mélanges à épisode.

C’est pas moi c’est Boby

Popeye Magritte a écrit:C’est pas moi c’est Boby

Vrai!
Et je ne sais pas pourquoi j'ai mis Pop.
Je corrige

Je dois aux bon soins de mon ami Boby La Ganache d'avoir pu déguster cet échantillon de Cornel & Diehl Star of the East, qu'il m'a généreusement envoyé.

Pour le déguster, je me suis assis tranquillement à la terrasse d'un Café du Cours Mirabeau, à Aix-en-Provence. Erreur N°1: à la terrasse d'un café, si de jolies filles sont présentes dans un rayon de cinq mètres, ne jamais fumer que du Kentucky Bird. Il suffit alors de réciter sa leçon: "Hmm, il sent bon votre tabac, qu'est-ce que c'est? - C'est un tabac à base de pétales de fleurs - Des pétales de fleur? Comme c'est romantique! - Voulez-vous en fumer une bouffée?" Etc... Généralement c'est dans la poche.

Mais là, il s'agissait de Star of the East, et je ne m'étais pas avisé de la présence de deux blondes à ma droite.

Quand je m'en aperçus, il était trop tard. Une âcre bouffée avait déjà envahi ma gorge - et sans doute une partie de la terrasse. "Arghh! m'écriai-je. Il est raide!" - Puis: "Sacré Boby!" - Je crus qu'il m'avait fait une blague en me refilant du Latakia pur à 100%. Je m'empressai de consulter la Tobacco Review pour me rassurer. La notice indiquait bien que ce tabac comportait une dose assez "virile" de Latakia: 50%. Mais pas que! Je poursuivis mon fumage pour vérifier. Et effectivement, au bout de quelques bouffées (les demoiselles d'à côté avaient déjà levé le camp), je sentis monter en moi comme une présence rassurante, moëlleuse et délicatement poivrée: celle de ce bon vieux Virginia, comme on l'affectionne. Peu à peu, le goût du Latakia est venu sagement se structurer autour de celui du Virginia, dans un subtil équilibre, comme un dialogue vigoureux entre deux saveurs. Ce fumage fut de bout en bout un délice. 

Je m'arrêterai là, car je ne suis pas trop doué pour les revues. Mon palais n'a pas le sens du détail. Mais il sait reconnaître ce qui est bon, et là, sincèrement, je dis: merci Boby! Les blondes ont bien fait de partir. Elles n'auraient jamais pu m'offrir autant de plaisir que j'en eus à fumer ce tabac.

Moi j'adore tes revues! Continues!
J'en ris encore!

Ah ah ah superbe ! Tu es magnifique ! Bravo et merci pour cette revue !

Mais là, il s'agissait de Star of the East, et je ne m'étais pas avisé de la présence de deux blondes à ma droite.

Elles, avant tes premières bouffées  

Superbe revue, merci Jaufré

Merci Jaufré.
J'ai appris beaucoup plus avec ce que j'ai lu dans ta revue que ce que m'ont dit ma langue, mon palais et mon nez quand je l'ai fumé.

Avec cette description j'ose même pas imaginer la room note si tu avais fumé à l'intérieur

stéphane a écrit:

Mais là, il s'agissait de Star of the East, et je ne m'étais pas avisé de la présence de deux blondes à ma droite.

Elles, avant tes premières bouffées  

 
Oui, c'est ça, c'est bien elles!!! Comment tu as fait pour les retrouver ? 

Jaufré Cantolys a écrit:

stéphane a écrit:

Mais là, il s'agissait de Star of the East, et je ne m'étais pas avisé de la présence de deux blondes à ma droite.

Elles, avant tes premières bouffées  

 
Oui, c'est ça, c'est bien elles!!! Comment tu as fait pour les retrouver ? 

A une terasse de café où je fumais du Kentucky Bird 

Sacré Jaufré ! Si en plus du KB tu apportes ta guitare, elles vont toutes craquer  

stéphane a écrit:

Jaufré Cantolys a écrit:

stéphane a écrit:

Mais là, il s'agissait de Star of the East, et je ne m'étais pas avisé de la présence de deux blondes à ma droite.

Elles, avant tes premières bouffées  

 
Oui, c'est ça, c'est bien elles!!! Comment tu as fait pour les retrouver ? 

A une terasse de café où je fumais du Kentucky Bird 

 mais elles étaient déjà en couple...

Petite revue de ce tabac suite à l'échantillon fourni par Bobby !

Hey les gars, il y a deux fils sur ce tabac maintenant   William a même répondu avec sa revue sur l'autre.
Un modo pour relier les deux ? En mettant celui-ci à la suite de l'autre plus ancien et ouvert par Munch ?
https://www.alanoblebouffarde.com/t7211-cornell-and-diehl-star-of-the-east?highlight=star+of+teh+east



Alors tout d'abord merci pour ce petit paquet scellé plein d'un tabac en jolis rubans marron foncé.

A l'ouverture c'est une odeur forte et entêtante (je veux un aftershave ainsi aromatisé). Ca sent la latakia, le sucre, avec des effluves presque imperceptibles d'orientaux. Le tabac est humide sous les doigts. Pas le temps de laisser sécher et je sais que les anglais n'aiment pas trop être fumés humides sous peine d'amertume.
C'est paradoxal de ne pas aimer les anglais humides quand on connaît leur météo
Allez, hop, une pincée au micro-onde ! (Ben oui, c'est le moyen le plus rapide pour déshumidifier le tabac sans le dénaturer). Bon, je me plante dans la programmation et je le fais tourner à fond. Il sort sec à casser sous les doigts. Eh merde.
l'odeur à l'ouverture de la porte est extraordinaire et je me dis "tant pis" je verrai si l'anglais est bon dans le désert (bon... El Alamein c'était un succès, alors...go).
Je choisis ma bruyère mordor qui sied bien aux anglais

Je bourre, ça casse un peusous les doigts, c'est raide mais ça rentre et....allumage !
Surprise, la fumée est dense, mais légère en bouche. Le côté sucré est prédominant, le virginia prend sa place. Il est contenu par le latakia, qui autre surprise se fait discret. Des notes herbacées dues aux orientaux relèvent par touche dans la fumée ré-inspirée.
C'est un anglais de très bonne facture, on sent comme pour tous les C&D que j'ai pu goûter que les tabacs sont de qualité. Pas d'évolution au cours du fumage, aucun rallumage nécessaire avant d'atteindre la fin du bol.
On se prend à penser çà tous ces anglais, voir balkan testés. On retrouve le plaisir de jouer avec les effluves odorantes à ressortir telle senteur de foin ou telle autre plus cuir. Je reste un peu sur ma faim cependant car c'est souvent le virginia qui prend le lead. Je lui préfère le Super Balkan aussi de C&D mais on va pas bouder son plaisir. Malgré son côté super sec, j'arrive à faire tenir le bol plus d'une heure.

Lendemain, nouveau test. Le tabac laissé ouvert est plus sec mais pas trop et là je me dis, on y va tel quel on va pas recommencer comme hier (des fois on prend des décisions raisonnées complètement foireuses)
Je choisis ma pipe courbe Courrieu réservée aux tabacs bien charpentés en latakia. La seule courbe du cheptel.
Bourrage parfait et allumage aux petits oignons. A nouveau cette belle fumée blanche et dense mais là... Surprise, pas de virginia sucré, pas de touches fumées enivrantes, pas de notion de foins d'été dorés au soleil. Un tabac moyennement fort, avec une légère touche d'amertume qui va s'accentuer au fur et à mesure du fumage. Je ne retrouve pas les plaisirs d'hier. Je finis mon bol, la bouche amère et la gorge qui pique  

Ben alors c'est quoi le truc ? Trop humide et l'amertume s'est invitée ? La pipe ne lui convient pas ? J'aimerai me dire que c'est la première solution et que oui, les anglais n'aiment pas l'eau (pour des sacrés marins ça fait mal)

Conclusion : il est très bon ce tabac mais capricieux.

Merci pour cette revue, elle est parfait! Tu m'as fais fumée ce que je lisais. 

Merci Ernie
Je ne suis donc pas le seul à avoir été surpris par ce tabac. 
Capricieux. Oui! Il vit sa vie selon son humeur de l'instant sans ce préoccuper de ce que tu attends.
Alors à Surprenant , j'ajoute donc capricieux.
Je ne crois pas avoir lu ces deux adjectifs utilisés ensemble pour qualifier un tabac.
Mais je n'ai pas tout vu, loin de là.

Merci Ernie pour cette délicieuse revue sur ce tabac " capricieux"

Sujets fusionnés 
Super vos revues!

Très intéressant, et notamment en bonus la distinction séchage micro-onde et séchage classique, merci.

C'est grâce à Boby (une fois de plus) que je découvre ce tabac.

Latakia en quantité, Virginia, Oriental, voilà une composition qui devrait me plaire.

Le premier contact est une ambiance fumée avec une bonne dose d'acidulé.
La douceur crémeuse que j'attendais n'est pas au rendez-vous, mais c'est loin d'être désagréable. 
Je trouve même l'ensemble plutôt frais.

Progressivement, le palais s'habitue à la dominante latakiée. 
Elle fait place à d'autres saveurs citronnées et sucrées sur fond légèrement beurré, avec toujours cette fraicheur.

Malheureusement, des pointes acidulées avec un arrière-goût parfois très amer viennent régulièrement perturber cet ensemble.
C'est dommage et disons-le, frustrant.
Ce va-et-vient capricieux va perdurer jusqu'à la fin du bol.

Pour un 50% Latakia, je reste sur ma faim.
Rien à voir avec un HU Tuarekh qui reste ma référence dans cette catégorie (Serge, je ne te remercierai jamais assez de m'avoir fait découvrir cet excellent tabac).
Mais il est vrai que le Tuarekh a aussi l'avantage d'avoir du Perique dans sa composition...


Malgré l'inconstance de ce tabac, je suis resté fidèle à ma rêverie :
L'étoile de l'est et son ambiance feu de camp avec un petit clin d'œil en passant à notre ami Papaalino  



Merci Boby pour cette découverte. Même si ce mélange manque parfois d'équilibre, il lui reste suffisamment d'atouts pour procurer d'agréables moment. Et c'est ça qui compte.

Fumé dans une bruyère Bruno Nuttens.